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Quand l’utile vous mutile

S’il est un mot souvent prononcé par les parents dans une famille d’agriculteurs, « utile » est bien celui-là ! Je l’ai entendu des milliers de fois durant mon enfance et ma jeunesse. Vous aussi, certainement ! « Est-ce bien utile, ce que tu fais là ? » « Rendez-vous utiles, au lieu de bayer aux corneilles ! » ; « Il faut joindre l’utile à l’agréable. », etc, etc. Je me rappelle la lamentation pleurnichée d’une toute vieille parente : « Je ne suis plus bonne à rien. Ce serait aussi bien de partir, quand on est inutile, qu’on est devenue une charge pour les autres. ». En ces jours de vaches pas si maigres qu’on ne le dit, ce mode de pensée résonne comme une hérésie, un archaïsme sorti tout droit des cavernes préhistoriques. La société de consommation a aboli la distinction entre l’utile et l’accessoire ; elle crée sans cesse de nouveaux besoins. Les loisirs et les plaisirs arrivent au premier rang des choses absolument indispensables, prioritaires, sans lesquelles la vie n’a aucun sens.

Mais dans le monde paysan d’hier et d’aujourd’hui, les activités sont classées en deux catégories : les choses utiles et les autres, inutiles et futiles. Il ne faut pas passer son temps « à toutes bêtises ». La bonne marche de l’exploitation passe souvent (toujours) avant les individus, leurs rêveries, leurs aspirations : on sacrifie tout aux animaux, aux cultures, aux récoltes ! Cet « utilitarisme » est encore fort vivace aujourd’hui et accompagne notre lourd atavisme. Indispensable aux temps anciens...

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