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Le bon sens n’attend pas les nouvelles politiques

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C’est un constat sévère que dressait l’Organisation de coopération et de développement économique (Ocde) le 30 octobre dernier. Selon elle, la majorité des politiques mises en place à travers le monde pour soutenir l’agriculture ne permettent pas au secteur de bien se préparer aux changements climatiques. Et de détailler : « La plupart des mesures de soutien, comme des versements directs ou des prix garantis, n’ont pas été conçues pour répondre aux objectifs d’adaptation au changement climatique. Si certaines peuvent favoriser l’adaptation, la majorité ne facilite pas vraiment les efforts déployés dans ce sens par les producteurs ».

Pour parvenir à cette conclusion, les experts de l’Ocde se sont penchés sur pas moins de 54 pays. C’est dire si de nombreuses régions du globe sont concernées…

Ceci est d’autant plus interpellant que l’agriculture figure en première ligne face aux changements climatiques, que ce soit en Europe ou ailleurs dans le monde. Inondations, sécheresses, tempêtes… Ces phénomènes météorologiques, que l’on peut qualifier d’extrêmes, se répètent année après année, se multiplient et s’aggravent. Au point de se banaliser !

Concernant l’Europe en particulier, le constat dressé par l’Ocde est d’autant plus inquiétant que la politique agricole commune 2023-2027 a été discutée durant plusieurs années dans un contexte climatique bien connu des négociateurs. Alors qu’elle est censée, parmi d’autres objectifs, répondre au défi climatique, l’Ocde ne le voit pas du même œil.

Les agriculteurs, eux, n’ont pas attendu que de nouvelles mesures viennent s’ajouter aux trop nombreuses règles pesant déjà sur leur quotidien. Le bon sens paysan, comme on l’appelle, est bien présent. C’est ainsi que certains ont adopté les techniques culturales simplifiées (voire le semis direct), se sont tournés vers des variétés mieux adaptées aux vagues de chaleur, ont opté pour l’agroforesterie ou l’agroécologie, ont multiplié les plantations de haies, ont investi dans l’agriculture de précision, ont recours aux énergies renouvelables… Et il ne s’agit là que d’un aperçu de pratiques permettant, chacune à leur échelle, aux agriculteurs de répondre au défi que nous rencontrons actuellement.

Alors, d’autres politiques sont-elles nécessaires ? Oui, certainement, pour autant qu’elles n’apportent pas leur lot de contraintes supplémentaires. Mais laissons également le temps aux cultivateurs et éleveurs, conscients des enjeux auxquels nous sommes confrontés, d’adapter leurs pratiques, voire d’en tester de nouvelles, à petite échelle, avant de les généraliser à leurs exploitations. Et, enfin, soutenons à leurs justes besoins les centres de recherche qui, à travers leurs travaux, entendent accompagner les exploitations agricoles vers plus de résilience face aux changements climatiques.

J. Vandegoor

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