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Que se p(f)asse-t-il en Wallonie?

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C’est la nouvelle saga qui déchaîne la Wallonie… L’affaire Publifin ? Remisée aux oubliettes ! L’onéreuse extension du Parlement de Wallonie et son mobilier hors de prix ? Oubliés ! Ce sont désormais les substances per- et polyfluoroalkylées, mieux connues sous le nom Pfas, qui secouent notre Région. Avec une différence de poids : cette nouvelle affaire, comme il convient de l’appeler, ne touche pas aux finances publiques mais bien à la santé des Wallons et Wallonnes.

En effet, la semaine dernière, nos confrères de la RTBF ont mis en évidence, dans le cadre de l’émission #Investigation, que ces polluants dits éternels étaient présent dans l’eau de distribution de plusieurs communes hennuyères dans des proportions bien trop élevées par rapport aux normes recommandées. Or, ceux-ci sont associés à des risques de cancers, de perturbations du système hormonal, de maladies thyroïdiennes, de dysfonctionnements du système immunitaire… Malgré ces défauts, leurs propriétés imperméables et antiadhésives font des Pfas des incontournables de notre quotidien. On les retrouve dans les emballages alimentaires, poêles à frire, textiles…

Au total, pas moins de 12.000 personnes auraient consommé cette eau contaminée, sans être informées ni par les autorités régionales, ni par la Société wallonne des eaux (Swde), pourtant toutes deux au fait de la problématique depuis plusieurs années. Face à ce constat, une seule question se pose : pourquoi les pouvoirs publics n’ont-ils pas alerté les populations concernées, dont ils sont censés assurer la sécurité sanitaire ?

Depuis, des filtres à charbon actif, retenant les Pfas, ont été placés en vue de réduire la contamination de l’eau de distribution. Là aussi, cependant, il aura fallu attendre plusieurs mois pour qu’une mesure de protection adéquate soit prise.

Que certains considèrent les finances publiques comme un puits sans fond est une chose, mais que d’autres n’accordent que peu d’importance à la santé des Wallons et Wallonnes en est une autre que l’on ne peut certainement pas accepter. Auditionnée en Commission « Environnement » du Parlement de Wallonie ce 14 novembre, la ministre de l’Environnement, Céline Tellier, s’est attelée, présentation détaillée à l’appui, à convaincre les députés que cette problématique a été gérée avec tout le sérieux nécessaire. Christie Morreale, en sa qualité de ministre de la Santé, n’était, elle, pas attendue devant les députés bien que d’aucuns souhaitent également l’entendre.

Une chose est toutefois claire : l’administration wallonne, les cabinets ministériels et la Swde ne pourront éternellement se renvoyer la balle. Les Wallons et Wallonnes méritent au plus vite des explications, voire des justifications, claires et détaillées de la part de ceux qui semblent avoir fait fi de leur santé.

Jérémy Vandegoor

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