Paysages en pays sage
Il n’aura fallu que cinq jours ! Lundi matin, l’énorme vieille ferme dressait encore ses murs orgueilleux au milieu du village, défiant le temps et les saisons depuis trois cents ans. Vendredi soir, elle n’était plus là, tout simplement ! Disparue, envolée, comme si elle n’avait jamais existé. Un bulldozer, deux pelleteuses, ainsi qu’une noria de très gros tracteurs attelés de bennes, ont tout rasé et enlevé en quelques dizaines d’heures. Sur le terre-plein ainsi dégagé, sera bientôt construit un complexe de vingt appartements. L’un après l’autre, les derniers témoins de la vie agricole d’autrefois disparaissent des paysages intérieurs de nos localités.
« 1721 » était gravé sur le linteau en pierre de la porte d’entrée. Assise comme un gros pacha en plein centre du village, l’exploitation agricole occupait une largeur de septante mètres, sur une profondeur de cinquante. Inoccupée depuis dix ans, elle ne payait plus de mine, elle autrefois si prospère ! Une quinzaine de générations de paysans ont vécu dans ses murs : ils ont travaillé dur, se sont aimés ou détestés ; ils y sont nés et décédés, ont souffert, ont connu des drames et des bonheurs. Au fil des décennies, l’...
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