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L’agrivoltaïsme: un sujet de lutte paysanne

Le 17 avril 1996, au Brésil, 19 membres du mouvement des paysans sans terre furent massacrés par des tueurs à la solde de grands producteurs terriers. Depuis lors, Via Campesina a décrété que le 17 avril serait la journée internationale des luttes paysannes. En cette période de révolte agricole, le Réseau de Soutien à l’Agriculture Paysanne (RESAP) et la Fugea signalent une nouvelle menace pour les terres agricoles et pour l’accès à la terre : l’agrivoltaïsme.

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À Aiseau-Presles, dans le Hainaut, un projet de construction de 22.000 panneaux photovoltaïques est en cours sur 30 ha. Un site photovoltaïque est installé à Loyers, près de Namur. À Brugelette, des parkings, gagnés sur des terres agricoles, sont couverts d’ombrières sur lesquelles reposent des panneaux photovoltaïques. D’accord tant que c’est sur des toitures. Mais après ?

On en arrive à cette aberration de placer des panneaux sur prairie, et puis, pour montrer qu’on fait de l’agriculture, des moutons paissent sous les panneaux et des abeilles pourront butiner les fleurs de ces prairies qui vont « tourner à rien ». Autant dire que le revenu agricole est nul par rapport à celui généré par l’électricité. De qui se moque-t-on ?

En France, il y a des sites photovoltaïques placés au-dessus de vergers ou d’un vignoble. En Flandre, un essai est en cours au-dessus d’une arboriculture fruitière. C’est déjà un peu plus malin, car le déséquilibre entre les revenus des deux productions se resserre.

Mais chez nous, en Wallonie, les productions à valeur ajoutée très élevée sont assez rares. Faut-il pour cela galvauder nos terres ?

En ces temps où le climat change à toute allure, ce n’est pas nécessairement en « électrifiant » nos champs et prairies qu’on va trouver la solution. Car les énergies se cumulent et font (surtout le charbon et le pétrole) augmenter le taux de CO2 dans l’atmosphère. Et avec lui, les évènements climatiques anormaux vont devenir normaux. À force de consommer ce que la nature avait stocké pour permettre notre vie sur terre, nous allons nous rendre la vie impossible. La Commission européenne demande de diminuer la consommation énergétique de 45 ou 55 % d’ici 2030, d’arriver à la neutralité en 2050, c’est-à-dire travailler uniquement avec des énergies renouvelables, ou presque. Mais ce qui importe avant tout, c’est de réduire la consommation d’énergie. Ah, ce ne sera pas évident du tout, mais nécessaire pour une vie supportable pour nos enfants et petits-enfants.

L’agrivoltaïsme n’est pas une solution. Au contraire, plus la terre sera verte, plus le taux de CO2 sera contenu.

Papy Jo

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