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Les écuries actives sont-elles l’avenir du monde équestre?

C’est un petit paradis consacré au bien-être des chevaux qu’a réussi à créer Anne De Wulf, à Ernage, près de Gembloux. Une écurie active dans laquelle les équidés peuvent vivre dans un espace qui correspond à leurs besoins fondamentaux, comme marcher, jouer, se reposer, vivre en troupeaux, ou encore disposer de nourriture et d’eau quand ils le souhaitent. Un concept prometteur, et automatisé afin d’offrir un service personnalisé à chaque animal.

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Vous le lisez chaque semaine dans notre journal : le monde de l’élevage ne cesse d’évoluer. De nouveaux outils, techniques apparaissent continuellement.

Dans l’univers équin, aussi, les mentalités changent. Tandis qu’on a plutôt l’habitude de voir des chevaux en box, un concept innovant est en train de conquérir de plus en plus de cavaliers. Il s’agit de l’écurie active.

Afin d’en savoir plus à ce sujet, Anne De Wulf nous a ouvert les portes de son oasis. Ici, vous ne croiserez pas de chevaux entre 4 murs, mais plutôt un troupeau de 25 équidés évoluant en liberté contrôlée.

Avant de partir à leur rencontre, la première question que l’on se pose est : doit-on mettre des bottes ? La réponse est non, les sols stabilisés sont nickels. Pas de gadoue à l’horizon.

Et les chevaux, en vivant d’une telle manière, se laisseront-ils facilement approcher ? Pour cette réponse, il suffit de franchir les barrières pour se rendre vite compte que ça va plutôt être compliqué de s’éloigner de ces curieux.

Un service personnalisé à chaque équidé

Dès lors, concrètement, comment fonctionne une écurie active ? Ces animaux vivent sur une zone aménagée, dans laquelle ils peuvent bouger à leur guise et qui est divisée en différentes parties : les endroits de couchage, avec abri et matelas, les râteliers à foin, les espaces où ils reçoivent leur concentré, les points d’eau, ou encore un espace ludique où ils peuvent s’amuser.

On y retrouve aussi des bacs à écorces, où ils ont l’habitude d’uriner. De plus, quand la saison le permet, les animaux ont accès aux prairies.

Si ces 25 chevaux vivent dans une osmose la plus totale, chaque pensionnaire a un programme personnalisé. Ainsi, chacun est équipé d’un collier avec un transpondeur, comme on le retrouve notamment dans les élevages laitiers. Avec à ce dernier, l’équidé va pouvoir passer les portes pour se rendre dans les différentes aires.

De plus, grâce à son ordinateur, Anne sait indiquer à quelle nourriture et à quelle ration l’animal peut accéder. Une alimentation distribuée dans des systèmes automatisés. Ainsi, certains peuvent aller dans la zone de distribution de foin individuel, d’autres, eux, vont manger du fourrage avec leurs autres congénères. « Cela demande une véritable connaissance de chaque cheval », ajoute la propriétaire des lieux.

Par ailleurs, avant qu’un nouveau pensionnaire puisse vivre au sein du troupeau, il doit d’abord passer par un espace d’intégration. Ce dernier se compose d’un box ouvert sur un paddock. Ce paddock est séparé par une clôture où vivent les autres animaux. C’est là que les premières affinités se créent…

Le transpondeur est placé sur l’encolure du cheval.
Le transpondeur est placé sur l’encolure du cheval. - D.T.

Bénéfique pour l’animal… et le propriétaire

Le concept a de quoi séduire. Ce n’est pas Anne De Wulf qui nous dira le contraire. Avec cette écurie active, cette passionnée du monde équestre a réussi à créer un endroit qui mise véritablement sur le bien-être animal. « Nous répondons aux besoins du cheval qui, rappelons-le, est un animal grégaire. Cela permet d’être plus proche de ses besoins naturels ».

Cette nouvelle approche permettrait aussi d’avoir des animaux en bonne santé, moins sujets à l’asthme, aux ulcères ou aux tics, notamment. « Cela se ressent sur leur comportement, on ne rencontre plus les problèmes liés à l’enfermement », poursuit-elle avant de nous indiquer qu’il faut compter, en moyenne, une surface de 150 m2 par cheval. Cela peut même monter à 200 voire 250 m2, selon leur tempérament.

Au niveau du bien-être du propriétaire, aussi, l’écurie semble avoir tout bon. D’après cette spécialiste, ce concept nécessite moins de personnel pour l’entretien. Grâce à l’absence de paillage, et à la distribution automatique de nourriture, des heures de travail peuvent être épargnées.

L’aménagement est divisé en différentes zones.
L’aménagement est divisé en différentes zones. - D.T.

« Pour moi, ce concept était une évidence »

Une certaine fierté peut se lire sur le visage d’Anne De Wulf. Cette écurie, c’est la concrétisation des valeurs d’une amoureuse des chevaux pour laquelle il était exclu de faire vivre ces animaux en boxes. « À l’époque, nous possédions 1,5 ha de prairie, lorsque je terminais une mission pour travailler un cheval, son détenteur avait envie de rester aux écuries. C’est ainsi qu’est arrivée l’idée de proposer des pensions. Finalement, un agriculteur a accepté de nous vendre 4,5 ha de pâture. J’ai alors pris mes renseignements sur Internet, et j’ai découvert l’entreprise allemande HIT, de Thorsten Hinrichs, basée sur l’écurie active. Je n’ai même pas fait de business plan. Pour moi, c’était une évidence ».

Conquise, la cavalière se lance dans l’aventure il y a cinq ans de cela, et décide d’en faire profiter d’autres propriétaires en prenant des chevaux en pension. Ces derniers sont ravis « J’ai une liste d’attente de plus de 15 cavaliers », nous confie-t-elle. Elle poursuit : « Lorsque j’ai inauguré mes installations, j’ai invité Thorsten Hinrichs. Il m’a alors demandé si je voulais bien représenter ce concept en Belgique et au Luxembourg. Je suis aussi agent officiel depuis 2023 pour le marché français ».

C’est ainsi qu’Anne De Wulf sillonne les routes pour rencontrer d’autres personnes désireuses d’opter pour cette manière de fonctionner. « Les gens me contactent, je vais chez eux afin de visiter les lieux, puis je réalise un avant-projet et budgétise le tout. Après le lancement, je leur accorde aussi du temps afin de les accompagner au mieux ». Bref, un suivi de A à Z, et de belles rencontres aussi, comme lorsqu’elle est présente à la foire Libramont, qui lui permettent de partager ses connaissances à ce sujet. Un sujet dont parlent de plus en plus de cavaliers, et qui, c’est certain, fera de plus en plus d’adeptes dans les années à venir.

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