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Baisse de la collecte laitière chez les principaux exportateurs

La production laitière mondiale connaît des fluctuations significatives, impactant divers bassins laitiers à travers le monde. Alors que certaines régions font face à des défis liés aux conditions météorologiques et aux fluctuations des prix, d’autres connaissent des fluctuations positives ou cherchent à surmonter des problèmes structurels.

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La production a été un peu bousculée en fin d’année 2023, par la météo notamment chez les principaux pays exportateurs. Au vu des prix du lait qui remontent, les opérateurs ne s’étaient pas attendus à un tel repli de la collecte.

Baisse plus importante que prévu en Europe

En novembre, la collecte européenne a enregistré une baisse significative de -2,3 % par rapport à l’année précédente. La France, l’Irlande, les Pays-Bas et l’Allemagne ont été les plus touchés, chacun subissant des replis variables. Des facteurs tels que la conjoncture haussière, les événements climatiques, et les abattages de réforme ont tous contribué à cette diminution de la production.

La France, l’un des principaux producteurs laitiers en Europe, a connu un fléchissement de la collecte ces derniers mois, principalement en raison de perturbations climatiques majeures, avec notamment la tempête Barbet fin octobre. La vague de froid en Allemagne n’a épargné personne non plus, avec des baisses de collectes hebdomadaires de -2 % par rapport à 2022, notamment sur les semaines 45 et 46. La baisse des prix du lait à fait réagir l’Allemagne, ainsi que les Pays-Bas, en adoptant des approches plus prudentes.

En Irlande, la météo automnale a été particulièrement humide, ce qui a pu pousser certains éleveurs à rentrer leur troupeau en avance afin de limiter le piétinement des prairies. Les disponibilités en fourrages conservés ne sont pas forcément optimales tandis que les prix du lait ont fortement chuté depuis le début d’année 2023. Une partie des éleveurs pourrait ainsi avoir anticipé le tarissement de leurs vaches, ce qui explique la très forte baisse du niveau de production (quasiment équivalente à la chute de la collecte en France en novembre). Par ailleurs, en Allemagne comme en Irlande, les abattages de réforme ont repris, ce qui limite de fait la production laitière.

Un léger rebond des prix est observé depuis le mois d’octobre, mais à l’approche du pic laitier dans l’hémisphère nord, les opérateurs se demandent quelle sera l’ampleur de ce repli de collecte dans l’UE-27.

Une production en repli malgré de meilleures marges aux États-Unis

Aux États-Unis, la production laitière a baissé de -0,6 %. Avec un rendement par vache similaire à l’an passé, ce repli est principalement lié à la diminution du cheptel laitier (-0,5 % /2022). Une baisse inattendue, compte tenu des abattages plutôt modérés.

D’un autre côté, les prix du lait à la production sont remontés en fin d’année 2023 tandis que les prix de l’aliment ont baissé. Dans ce contexte, l’indicateur de marge sur coût alimentaire s’est amélioré ce qui pourrait inciter les éleveurs à produire davantage pour le pic laitier. Néanmoins, la projection de cet indicateur de marge avec les prix du marché à terme montre pour le moment que cette embellie serait de courte durée.

La Nouvelle-Zélande déçoit avec un faible pic laitier

En Nouvelle-Zélande, le pic laitier a déçu, enregistrant une légère baisse de la production (-0,4 % /2022) depuis le début du pic laitier en septembre. Une diminution modeste par rapport à 2022, mais ce pic laitier est considéré comme le moins élevé au 4ème trimestre depuis 2012.

Des conditions météorologiques défavorables ont affecté les deux îles, avec une sécheresse dans l’île du sud et des températures élevées dans l’île du nord, ce qui affecte les productions laitières.

Les coûts de production ont également augmenté, tandis que le prix du lait a baissé. L’activité est donc moins rentable que les années précédentes rendant les éleveurs plus prudents sur les investissements notamment en alimentation (compléments).

Défis persistants en Australie et en Argentine

En Australie, la production de lait est ressortie en nette hausse en novembre (+6 % /2022) lors du pic saisonnier, mais ce niveau reste le deuxième plus bas des vingt dernières années. Les conditions météorologiques chaudes et sèches en début d’année 2024 pourraient potentiellement changer la dynamique actuelle, mais des défis persistants, tels que la baisse cumulée de la collecte et des exportations (estimé à près de -14 % sur 2023 /2022), restent à surmonter.

En parallèle, la production laitière argentine a maintenu sa stabilité au cours du premier semestre 2023, mais depuis septembre, elle a connu une chute significative, enregistrant une baisse de -4 % sur trois mois, accentuée à -8 % en décembre. Cette diminution est largement attribuée aux marges négatives de l’atelier laitier, entraînant la faillite de plusieurs (petites) exploitations.

Bien que les prix du lait aient connu une remontée en novembre, les charges demeurent élevées dans un contexte d’inflation galopante en Argentine, rendant problématiques les achats d’intrants importés à des prix toujours plus élevés en monnaie nationale. Malgré ces défis, le secteur laitier a obtenu une prolongation de l’arrêt des taxes à l’exportation des produits laitiers, visant à améliorer sa compétitivité sur le marché mondial.

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