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La vache Rouge Flamande en voie d’extinction

La Rouge de Flandre est-elle sur le point de disparaître ? Selon Jarno Vandepoel, éleveur de bovins dans son exploitation « De Vaerendriesch », la réponse est non. Le jeune entrepreneur se réjouit d’ailleurs de l’intérêt croissant pour cette race et espère convaincre encore plus d’éleveurs de ses qualités.

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L’année dernière, cinq éleveurs pratiquaient encore professionnellement la traite de la Rouge de Flandre occidentale, également appelée Rouge Flamande (« West-Vlaamse rode dubbeldoelras »). Parmi eux : Jarno, le seul à élever cette race dans le Brabant flamand, et à ne pas prendre sa retraite prochainement.

Diversification et durabilité

Les premières mentions de la race Rouge de Flandre occidentale remontent à 1700, après quoi son déclin a commencé par l’introduction de la race Holstein, plus productive. On les retrouve désormais dans les collines de Hoeleden au nord de notre pays, où Jarno a pris la relève de Joël Bulckaert, l’un des piliers de la race parti à la retraite depuis peu. « J’avais promis que si Joël partait à la retraite et qu’il n’y avait personne pour reprendre ses animaux, je le ferais », explique Jarno. « En tant qu’éleveur, vous devez être impliqué et choisir consciemment une race qui vous convient. Et je soutiens mon choix avec passion ».

Le jeune éleveur a donc décidé de diversifier ses races, mêlant Bleu-Blanc Belge et Rouge Flamande pour la traite et la viande. « Chez moi, les bovins Bleu-Blanc Belge sont très bien en double usage », explique-t-il. « Et les bovins Rouge de Flandre occidentale obtiennent pratiquement les mêmes résultats pour la traite. Et il y a une forte demande pour la viande de ces deux types de bovins ».

Autre qualité de cette race pour l’éleveur ? Son coût de production peu élevé. Jarno indique : « Le volume de lait produit par mes vaches est plus faible, mais les coûts sont également moins onéreux, car je leur donne presque exclusivement de l’herbe et du trèfle ». De plus, il ne voit presque pas de différence au niveau de la marge bénéficiaire entre une Rouge Flamande et une Holstein. « Puis, je ne suis pas beaucoup impacté par les fluctuations des prix de l’alimentation animale, car mon modèle économique est indépendant des événements extérieurs, comme une guerre lointaine ou un blocage du canal de Suez », poursuit-il.

Des bovins robustes et fertiles

Selon Jarno, la race à plusieurs avantages économiques : « Les bovins Rouge de Flandre occidentale sont des animaux très robustes qui tombent rarement malades. Le vétérinaire me dit que le traitement est toujours efficace et rapide avec elles. On ne peut pas en dire autant de toutes les races… »

L’excellente fertilité est un autre avantage économique majeur. « Elles sont pleines dès la première tentative », ajoute Jarno. « Le vêlage se déroule généralement naturellement, et grâce à leur nature douce, l’éleveur peut rapidement s’approcher du veau sans problème. »

Encore une plus-value de la Rouge Flamande : elle ne doit pas être gardée en permanence à l’étable, car même en hiver, elle peut facilement rester au pré où elle mange les sucres produits lorsque l’herbe gèle.

Ainsi, cet éleveur assure ne pas voir d’inconvénients à la race. « La seule chose c’est qu’il faut tout apprendre soi-même », confie-t-il quand même. « Il n’existe pas de chiffres en ligne sur la croissance ou les moyennes de lait spécifiques. Si vous changez quelque chose dans votre gestion d’exploitation, vous devez tout enregistrer vous-même ou vous fier à votre instinct ». De plus, l’éleveur nous explique manquer de concours ou d’événements réguliers qui réunissent tous ceux qui travaillent avec ce type de bovin.

Une fierté régionale en déclin

« Avant, chaque région flamande avait sa propre race, adaptée aux sols et aux climats locaux », raconte Jarno. « Cependant, aujourd’hui, nous observons un déclin de la fierté régionale pour ces races au profit d’une ’vache universelle’ nécessitant de nombreux intrants pour un rendement élevé ». Selon l’éleveur, un modèle d’exploitation alternatif pourrait offrir des rendements comparables avec moins de ressources.

Et d’après lui, le patrimoine agricole serait davantage valorisé en Wallonie. Les races locales y feraient l’objet d’une attention particulière et les consommateurs seraient informés grâce à des étiquettes sur les produits. « En Flandre, nous avons abandonné les programmes d’élevage au profit de ceux de conservation », dit-il. « Par exemple, il existe une prime pour les vaches Rouge Flamande, mais uniquement pour les femelles. Pourtant, l’utilisation de nombreux taureaux est très importante vu la population réduite. Avec une prime, les éleveurs pourraient à nouveau avoir leurs propres reproducteurs, ce qui garantirait la variation des lignées ».

Plus d’efforts pour les races locales

Le bovin Rouge de Flandre occidentale n’a pas toujours été une espèce en voie de disparition. « À l’origine, elle comptait des milliers d’animaux en Flandre, organisait son grand concours à Roulers et avait un centre d’insémination propre à Loppem », se souvient Laetitia Billes, directrice de l’organisation française Union Rouge Flamande, très préoccupée par la disparition possible de la race.

Toujours selon Jarno, les politiciens, les gouvernements et les associations de protection de la nature sont plus axés sur les animaux sauvages lorsqu’il s’agit de biodiversité. « On entend rarement parler de diversité agricole », assure-t-il. « Pourtant il existe d’autres races bovines locales pour lesquelles les éleveurs et les pouvoirs publics devraient faire davantage d’efforts, comme le Blanc-Rouge de Flandre orientale ou le bœuf de Campine. Mais je ne peux pas tous les protéger dans mon exploitation, sinon je devrais modifier mon permis », conclut-il avec un clin d’œil.

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