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Chaulage en prairie: opter pour l’amendement adéquat

A la lecture des données du réseau Réquasud relatives à l’acidité des sols de prairies en Ardenne et Haute Ardenne, on constate que 11,4 % des sols des prairies analysées sont extrêmement acides c-à-d qu’ils ont un pH KCl inférieur à 4,75 et que 72,45 % sont acides, soit un pH KCl inférieur à 5,6. Seuls 16,15 % des sols des prairies analysées ont donc un pH correct !

Temps de lecture : 4 min

La base des données du réseau Réquasud n’étant alimentée que par des échantillons de sol des éleveurs sensibilisés à la fertilisation raisonnée de leurs prairies, L’on peut donc objectivement supposer que les sols des prairies sont bien plus acides que ce que révèlent ces données.

Notons qu’en cette période de crise persistante, le prix de l’unité neutralisante reste stable, et ce depuis 10 ans.

Viser un pH de 5,6

Pour un herbager, la base de la production prairiale, tant en quantité qu’en qualité, est assurée par un pH correct qui permet ensuite une bonne valorisation des autres éléments minéraux.

En prairie, une légère acidité du sol est favorable à la croissance des espèces et assure le rendement et la qualité alimentaire. À savoir, pour la famille des graminées, le RGA, la fléole, le pâturin des prés, la fétuque… et pour les légumineuses, le trèfle blanc, le trèfle violet, le lotier…

Mieux vaut donc viser un pH cible de 5,6.

Lorsque l’on observe à la dominance de quelques graminées, on remarque que l’agrostis vulgaire régresse avec l’augmentation du pH, or cette graminée a un effet négatif sur la germination des autres graminées notamment en cas de sursemis. Il en va de même pour la houlque laineuse et la fétuque rouge. La première est très mal appétée par les bovins tandis que la seconde forme un tapis dense, très peu productif et qui contrarie les opérations de sursemis des prairies.

Compenser les pertes

Le chaulage est nécessaire pour compenser les pertes en calcium par lessivage et les exportations du calcium par les fourrages récoltés.

De plus, certains engrais minéraux sont acidifiants ; le plus utilisé en prairie est le nitrate d’ammoniaque 27 % qui a une valeur neutralisante (VN) négative de – 14 unités. L’épandage de 100 kg de nitrate 27 % entraîne donc une baisse de la VN de 14 unités.

Notons que les éleveurs ont tendance à utiliser de l’urée en prairie, or sa VN est de – 46 unités !

Fort heureusement, les engrais de ferme, comme le fumier de dépôt, le lisier et surtout le compost de fumier, appliqués judicieusement, ont un effet positif sur le pH des prairies.

Pour rappel, le chaulage agit à plusieurs niveaux sur un sol :

– sur l’état physique du sol, d’abord, en améliorant sa porosité et donc sa perméabilité à l’air et à l’eau du sol (effet sur la structure) ;

– sur l’activité biologique du sol, ensuite, ce qui favorise une bonne minéralisation de la matière organique toujours présente en prairie ;

– sur l’assimilation par les plantes des éléments minéraux (azote, phosphore, potassium, soufre, magnésie…) tout en réduisant la disponibilité de certains ions parfois toxiques comme l’aluminium et certains éléments traces métalliques.

En se basant sur trois essais réalisés en prairie permanente très acides (pH avoisinant 4,6) en Haute Ardenne (Outrewarche – Nidrum et Elsen born), nous avons mesuré l’impact du chaulage sur les rendements des prairies en matière sèche.

À chaque fois, le chaulage a permis d’augmenter les rendements. Plus le sol est acide au départ, plus le chaulage a un effet positif sur les rendements.

Choisir son engrais

Le choix d’un engrais calcaire se fera en fonction de sa valeur neutralisante (V.N.), de sa teneur en magnésium, de sa rapidité d’action et des éléments secondaires qu’il peut contenir et bien évidemment de son prix V.N. épandu à l’ha.

En conclusion, apporter un engrais calcaire en prairie lorsque le pH KCl est acide est une opération financière intéressante à condition de choisir l’engrais adéquat et de bien gérer les autres apports à savoir les engrais de ferme et minéraux.

D’après Pierre Luxen

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