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Au Nord, y a des vignerons…

Et oui, le monde change. Avant, les vignobles se cantonnaient au bassin méditerranéen. Qui n’a pas connu les Noces de Cana, quand Jésus accomplit son plus beau miracle ?

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Il y eut le vin d’Algérie, jusqu’à l’indépendance du pays. Puis les BBB, Bordeaux, Beaujolais, Bourgogne. Puis les CCC, Champagne, Crémants, Cavas. Rappelons que Dom Pérignon, bénédictin à l’abbaye de Hautvillers près d’Epernay, à l’époque de Louis XIV, inspiré par les voix divines, eut l’idée géniale de la prise de mousse pour valoriser le vin blanc local.

D’un raisin ordinaire, il en a fait un sommet de la gastronomie et l’argent s’est mis à pétiller comme des bulles. Une seule contrainte : arriver à la vendange avec une concentration en sucre équivalent à 9 % de potentiel alcoolique. Pour atteindre ensuite les 13 %, pas de soucis : Chaptal et les betteraviers s’en occupent.

Ce n’est pas un scoop, mais la température moyenne de nos régions commence à ressembler à celle de Reims au 18ème  siècle. Alors… alors… pourquoi pas chez nous ? Et c’est parti ! Début juillet, dans le Westhoek (région de Poperinge), une vingtaine de vignerons flamands organisaient des portes ouvertes. Je connaissais « Entre deux Monts », ce fut l’occasion d’en découvrir trois autres : le Monteberg, la Cense de l’Alouette et le Ravenstein.

Avec mon néerlandais de l’école, « Frans en Vlaams melangeren, is de taal masacreren », ce n’était pas évident. Quand on dit qu’on a une petite vigne derrière la maison et qu’on fait le vin du jardin en amateur, on a droit à un beau sourire, avec parfois une pointe de condescendance. Mais quand on ajoute qu’on est proche du vignoble des Agaises et que toute la famille fait presque une addiction au Ruffus, alors là, on a droit à de grands yeux pleins d’estime et d’admiration. Tapis rouge !

Ruffus, mondialement connu en Flandres, est la « Succès story wallonne » que tous rêvent d’imiter. Vingt ans d’existence et toutes ses dents. « Vola pocwè k’on-z-est firs d’esse Walons ! »

Deuxième acte : nous emportons nos vélos pour nous balader dans le « Achterhoek » hollandais, 200 km au nord de Maastricht. C’est le meilleur coin pour le tourisme à vélo dans le pays des pistes cyclables. Il s’y trouve l’«  achterhoekse wijngarden  », la route des vins à vélo. De fait, là aussi la maladie viti-vinicole se propage.

Plus petits, plus récents, on s’y tâte encore mais le vers est dans le fruit. Pardon, le fruit, après fermentation, arrive dans le verre et il s’avère prometteur. Nous avons dégusté le cépage Johanniter, en bulles et en vin tranquille. Cela tient la route. Les prix aussi d’ailleurs. Le climat de cette année était au rendez-vous. On y moissonnait au 21 juillet comme chez nous, entre les ondées.

Le détail qui nous différencie ? On traverse les canaux sur des bacs, tracteurs et vélos côte à côte, les uns sur le chemin du travail, les autres en touristes curieux, sans avoir besoin de traverser toute la planète.

JMP

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